Posté le jeudi 27 avril 2006 à 15:01
par ekarda

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Contes de classes

Contes de classes

Chaque fois que j’entends parler de la réforme de l’école marocaine, je souris. Mais avant de me condamner à décrypter l’intégrale des discours d’intention du très optimiste Habib Malki, sympathique (il est de Bejaâd…) ministre socialiste de l’Education nationale, laissez-moi vous raconter une petite histoire, celle de mon ami de classe A., originaire du Souss, qui a débarqué un jour, en plein milieu de l’année scolaire, dans une nouvelle école de Casablanca. Le jeune écolier avait pour objectif de s’adapter au plus vite… Pour lui souhaiter la bienvenue, la classe entière l’a accueilli par des éclats de rire. Même le “maître” a été saisi d’un fou-rire à la vue de son accoutrement. La suite fut encore plus terrible. Chaque fois que le nouveau-venu ouvrait la bouche en classe, ses camarades le raillaient, pouffaient, lui balançaient des objets sympathiques sur la tête. Une fois, il s’est arrêté de lire un texte et le maître a menacé de le gifler s’il ne reprenait pas immédiatement sa lecture. Au milieu des rires généralisés, bien entendu… Il était devenu la mascotte de la classe, sa tête de turc, celui dont les habits, la coiffure, l’accent, et même le patronyme constituaient la matière première de toutes les blagues. Un véritable massacre. Et puis un jour, l’enfant de Souss a disparu. Le lendemain, le proviseur général est venu en classe : “Nous avons invité votre ami à rentrer chez lui, c’est pour son bien”. Bien sûr… Même si ce n’est pas forcément lié, cette histoire me rappelle que le jour où j’ai obtenu mon CEP, mes pensées ne sont pas allées à mes rêves de médecin ou de diplomate mais à la perspective nette que j’en avais fini… avec la torture. Adieu les coups de bâton d’une maîtresse frustrée et bonjour le collège, les filles, etc. Il va sans dire que je m’étais lourdement trompé mais c’est une autre histoire. Courage, écoliers et collégiens de demain.

El habib.