Contes de classesChaque fois que jentends parler de la réforme de lécole marocaine, je souris. Mais avant de me condamner à décrypter lintégrale des discours dintention du très optimiste Habib Malki, sympathique (il est de Bejaâd
) ministre socialiste de lEducation nationale, laissez-moi vous raconter une petite histoire, celle de mon ami de classe A., originaire du Souss, qui a débarqué un jour, en plein milieu de lannée scolaire, dans une nouvelle école de Casablanca. Le jeune écolier avait pour objectif de sadapter au plus vite
Pour lui souhaiter la bienvenue, la classe entière la accueilli par des éclats de rire. Même le maître a été saisi dun fou-rire à la vue de son accoutrement. La suite fut encore plus terrible. Chaque fois que le nouveau-venu ouvrait la bouche en classe, ses camarades le raillaient, pouffaient, lui balançaient des objets sympathiques sur la tête. Une fois, il sest arrêté de lire un texte et le maître a menacé de le gifler sil ne reprenait pas immédiatement sa lecture. Au milieu des rires généralisés, bien entendu
Il était devenu la mascotte de la classe, sa tête de turc, celui dont les habits, la coiffure, laccent, et même le patronyme constituaient la matière première de toutes les blagues. Un véritable massacre. Et puis un jour, lenfant de Souss a disparu. Le lendemain, le proviseur général est venu en classe : Nous avons invité votre ami à rentrer chez lui, cest pour son bien. Bien sûr
Même si ce nest pas forcément lié, cette histoire me rappelle que le jour où jai obtenu mon CEP, mes pensées ne sont pas allées à mes rêves de médecin ou de diplomate mais à la perspective nette que jen avais fini
avec la torture. Adieu les coups de bâton dune maîtresse frustrée et bonjour le collège, les filles, etc. Il va sans dire que je métais lourdement trompé mais cest une autre histoire. Courage, écoliers et collégiens de demain.
El habib.